Le travail est un élément majeur de nos vies. Un tiers de notre vie y est consacré.
Lorsque l'on parle à la fois de l'IA et du travail, le premier sujet qui vient à l'esprit est l'impact de l'IA sur l'emploi. Il s’agit d’un éternel débat, confrontant deux scénarios: celui des optimistes qui croient que l’IA va générer plus d’emplois et celui des pessimistes qui croient que l’IA va les détruire massivement. Selon moi, deux choses sont sûres: personne ne peut prédire l'avenir. Et en conséquence, la meilleure façon de gérer les risques et d'assurer le meilleur avenir est d'être préparé pour les deux scénarios.
Au delà de ce débat, les questions les plus importantes à résoudre immédiatement sont:
● Que pouvons-nous faire maintenant pour évaluer, soutenir et suivre la transition du travail?
● Comment l'IA, la technologie la plus puissante de notre époque, peut-elle nous aider à résoudre ce défi?
Dans cet article, je vous propose de nous intéresser tout d’abord aux défis auxquels le monde du travail actuel est confronté et comment la crise du COVID-19 rend ces problèmes encore plus complexes. Enfin, nous considérerons les actions qui pourraient être mises en œuvre aujourd'hui pour résoudre ces problèmes.
Selon la société de recherche Gallup, 85% des employés dans le monde ne s’épanouissent dans leur travail. Celui-ci est ainsi jugé trop répétitif [1]. En tant que travailleurs, nous consacrons plus de 70 % de notre temps à des activités répétitives, routinières et chronophages (courriels non productifs, réunions et autres) [5]. De plus, seul un tiers des travailleurs ont actuellement accès à des outils de collaboration ou à des applications d’IA appropriés [6]. Au cours des dix dernières années, les entreprises se sont focalisées sur l'expérience client. Il est temps de s'intéresser à l'expérience des employés. Nous allons présenter comment l’IA nous offre cette opportunité.
Au delà de l'expérience seule, selon l’Organisation Internationale du Travail, le stress lié au travail et les maladies qui en découlent contribuent à la mort de près de 2,8 millions de travailleurs chaque année dans le monde, avec un coût pour la société d’environ 3 000 milliards de dollars [4]. Ces chiffres sont significatifs. Ils prouvent que le travail tue aujourd’hui 40 fois plus de personnes que les guerres [2] ou deux fois plus que la circulation routière [3]. Il y a une nécessité urgente à améliorer cette situation.
Nous sommes trois milliards dans le monde à travailler à distance en raison des fermetures des frontières et des quarantaines. Cette situation pourrait se reproduire et durer avec les vagues d’infections ultérieures attendues, et l'arrivée potentielle de futures pandémies. Or la plupart d’entre nous n’avons jamais été formés pour travailler à domicile. Beaucoup souffrent donc d’isolement, de manque de soutien, de distractions constantes, de l’absence de déconnexion et d’anxiété due à la crise. Cela a eu un impact sur la motivation, l’efficacité, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, créant ainsi du stress, et affectant la santé physique et mentale.
En raison du marasme économique, plus d’un milliard de personnes [7] risquent actuellement de perdre leur emploi. Cette situation diffère fortement d’un secteur à l’autre (les compagnies aériennes sont ainsi particulièrement touchées alors que les compétences en informatique sont de plus en plus demandées). Dans ce contexte, il est important d’aider à mettre en relation les demandeurs d’emploi (issus des secteurs en difficulté) avec les organismes de formation (pour réorienter ces travailleurs) et des entreprises à la recherche de plus de main-d’œuvre (dans les secteurs où les besoins augmentent).
Voici quatre principaux leviers pour construire l’avenir du travail avec l’IA (the “quadruple-A artifact”) :
Les participants au challenge pourraient tirer parti de technologies telles que machine learning, computer vision, traitement du langage naturel ou de la robotique pour :
● Créer des applications capables d’effectuer un suivi du travail que nous effectuons au jour le jour. De manière similaire à une smartwatch Fitbit ou Apple watch, l’IA nous permet de “prendre le poul” de notre activité professionnelle, de la rendre plus saine et durablement plus équilibrée (par exemple, via des tableau de bord analysant nos activités journalières, et nous permettant de nous améliorer dans le temps). Grâce à cela, la technologie peut aussi nous accompagner en live dans des situations stressantes, automatiser le travail répétitif ou nous aider à trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
● Créer des marchés du travail intelligents pour aider les demandeurs d’emploi à rencontrer les entreprises à la recherche de nouveaux talents. L’IA pourrait servir à favoriser la mise en relation des demandeurs d’emploi (des secteurs les plus difficiles) avec les organismes de formation (pour permettre la reconversion professionnelle) et les entreprises à la recherche de plus de main-d’œuvre (dans les secteurs où les besoins sont croissants).
● Automatiser toutes les tâches qui, autrement, seraient réalisées par des employés. Ces activités peuvent être spécifiques par industrie ou fonction. Par exemple, utiliser machine learning et robotics pour identifier des activités de fraude, optimiser des routes logistiques, automatiser des activités de relances client, automatiser des activités de production de rapports financiers ou de performance.
● Augmenter la productivité en aidant les travailleurs à se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée, moins stressantes et plus épanouissantes. Par exemple : Concierge / assistant personnel augmenté — Coach de santé en temps réel — Automatisation des tâches chronophages — Tableaux de bord quotidiens ou mensuels sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée — Soutien à la gestion de projets intelligents à distance — Relaxation ou méditation optimisée - Optimisation de réunions : programmateur, transcription automatisée ou coach.
● Avec l’arrivée de l’automatisation et de l’IA sur le lieu de travail, il est nécessaire d’identifier les besoins de reconversion et de montée en compétence des employés.
● Observer et veiller à la santé des travailleurs sur le lieu de travail, identifier des risques d’infection.
● Créer des plateformes pour aider à redistribuer la richesse de manière équitable entre les travailleurs touchés par des crises structurelles ou/et conjoncturelle.
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