AI For Good

L’IA et la Blockchain: Duo d’enfer et vecteur d'impact social

June 19, 2020

Nelly Cornejo

Fondatrice & Présidente chez TAAL (Technological Association for Advanced Learning) et Head of Adoption chez iExec


Aujourd'hui tout le monde en parle. L'intelligence artificielle et la blockchain continuent à faire la une des médias et susciter la polémique. Certains ont peur de l'automatisation ou du vide juridique qui les entoure, tandis que d'autres pensent que nous n'allons pas assez vite. En ce moment d'incertitude je préfère proposer un autre regard, un point de vue différent, loin de la pensée binaire. J'ai décidé de me pencher sur le côté "synergie" car, malheureusement il est moins connu  que le côté "hype" de ces deux technologies.

L'objectif de cet article est donc d'explorer les synergies entre l'IA et la Blockchain, leur possible application pour l'impact social et les prochaines pistes à explorer.


L'IA et la Blockchain

Ce que j'aime le plus dans l'IA est la capacité à faire progresser notre intelligence en tant qu'humains, en facilitant le raisonnement, l'apprentissage, la créativité et la résolution de problèmes. L'IA permet entre autres, de transmettre aux machines la capacité de présenter des comportements similaires à ceux des humains et aide les humains à se débarrasser des tâches répétitives.  Ce qui aide à transmettre aux machines la capacité de présenter des comportements humains est, par exemple: l'apprentissage automatique ou machine learning, les réseaux de neurones (oui, comme ceux dans nos cerveaux) , le traitement du langage, la reconnaissance d'image, la reconnaissance vocale, etc.


En ce qui concerne la blockchain, grâce à son côté "innovation sociale" j'ai eu un vrai coup de coeur, au point de fonder une association pour aider les gens à la découvrir et à la comprendre. J'adore l'espoir que la blockchain représente, pour moi, elle est une solution aux problèmes sociaux comme l'inégalité, le manque de confiance et la nécessite de transparence. Sans oublier qu'elle nous offre aussi nouvelle une manière de nous faire confiance, de nous organiser autrement et de bénéficier du pouvoir du collectif.


La complexité de la blockchain repose principalement sur son fonctionnement mais, son objectif est très simple: utiliser la technologie pour créer de la confiance. Je vois la blockchain comme un puzzle. Elle utilise par exemple, des “pièces” déjà existantes comme la cryptographie, les réseaux de pair-à-pair, les mécanismes de consensus, la décentralisation et les systèmes distribués mais, de telle façon qu’elles puissent nous aider à créer de la confiance. Une fois que nous avons réuni toutes les pièces du puzzle, c’est à ce moment où la “machine à confiance” est créée. Cette machine est tout simplement une évolution de la façon dont nous enregistrons et transmettons l’information. Cette machine va être particulièrement utile pour sécuriser et garantir nos échanges. Notamment, quand il s’agit d’échanger de « la valeur » et lorsque ces échanges ont lieu entre personnes qui ne se font pas confiance ou qui peuvent avoir des intérêts divergents.


La blockchain est bien plus que des cryptomonnaies. Dans une blockchain ce qui représente « la valeur » est très diffèrent pour chaque personne et peut prendre différentes formes. Ce qui explique pourquoi la blockchain a un éventail de cas d’usage et le périmètre d’application est très large. Voici quelques exemples de ce qui peut représenter “la valeur” dans la blockchain: Une transaction financière, un certificat de naissance, un contrat, un brevet, une œuvre d'art, un dossier médical, un vote électronique, les droits d'auteur d'une chanson, un titre de propriété, un diplôme universitaire, la preuve d'une livraison d'une marchandise, un certificat d'authenticité d'un vaccin ou d'un sac à main de luxe, une pièce d'identité, la traçabilité d'une chaîne logistique, la production et fabrication d'un aliment etc…


Ces échanges de valeur vont être vérifiés et validés par la communauté, puis stockés dans une base de données partagée en temps réel au sein de la communauté.

Grâce à son architecture, la blockchain permet que toute la communauté partage la même information (le registre) en même temps, ce qui rend extrêmement difficile la modification ou suppression sans que la communauté soit alertée. Cela signifie que nous pouvons avoir une meilleure visibilité et traçabilité des échanges car, tout le monde peut garder un oeil sur ce qui se passe grâce à ce registre public et synchronisé. Autrement dit, la blockchain facilite la confiance grâce à une meilleure visibilité et traçabilité des échanges tout en tenant compte la cryptographie, les algorithmes de consensus et les systèmes distribués.


Afin de mettre tout le monde d’accord sur l’information stockée et partagée, la blockchain utilise les algorithmes de consensus. Il existe plusieurs types d’algorithmes de consensus avec des fonctionnements différents mais, aujourd’hui l’algorithme le plus utilisé est la “preuve de travail” ou proof of work (PoW).


L’IA et la performance de la Blockchain

Dans la blockchain, mettre tout le monde d’accord, autrement dit arriver à un consensus requiert beaucoup de travail. Par exemple, le fonctionnement de l’algorithme PoW proof of work nécessite la puissance de calcul des ordinateurs ce qui a comme conséquence une consommation d’électricité très importante.


L’IA pourrait optimiser la consommation d’énergie, de l’algorithme le plus utilisé dans la blockchain “proof of work” PoW. Une possibilité pourrait être implémenter des méthodes de machine learning pour optimiser la consommation énergétique lors du minage du bitcoin.


Comme vous pouvez constater les bases de données sont une pièce clé dans la blockchain. Dans l’univers de la gestion de base de données, le “sharding” ou partitionnement de base de données, nous aide à diviser une très grande base de données en segments plus petits donc plus faciles à gérer. L’idée est d’améliorer les performances et de réduire le temps de réponse aux requêtes. Par exemple, une entreprise peut appliquer le sharding à une grande base de données clients à fin de la diviser en emplacements géographiques. Comme les clients situés dans les mêmes emplacements géographiques seront regroupés et placés sur des serveurs uniques, cela réduirait le temps de réponse.


Il faut garder en tête que le sharding n’est pas un concept nouveau, il existe depuis au moins la fin des années 1990, notamment, dans la gestion d’une base de données traditionnelle et centralisée.


L’IA pourrait aussi offrir de nouvelles techniques de sharding de base de données, ce qui peut réduire la taille d’une blockchain et rendre le stockage des données plus efficace.



IA + Blockchain = Impact Social.

En ce qui concerne l’impact que la blockchain peut avoir sur l’IA, je trouve que ce qui est particulièrement intéressant concerne la prise de décision. Par exemple, si les décisions utilisées par l’intelligence artificielle sont enregistrées et sécurisées dans la blockchain, il est plus facile de créer une piste d’audit clair et vérifiable, ce qui pourrait accroître la confiance dans les décisions prises par les algorithmes IA.


La blockchain pourrait permettre de redonner confiance dans les décisions de l’intelligence artificielle, car il sera plus facile d’effectuer un audit du processus de décision de l’intelligence artificielle. Cela peut être une belle opportunité pour traiter les problèmes de biais.  Par exemple, nous pourrons appliquer cette synergie IA-Blockchain dans une entreprise, où il a été constaté qu’un processus décisionnel donnait un résultat biaisé à cause des décisions individuelles. Cela signifie que maintenant, avec une meilleure traçabilité des décisions de l’IA, cette entreprise a non seulement une nouvelle possibilité de réaliser une prise de décision plus équitable mais, l’opportunité d’améliorer les pratiques existantes.


Ce qui peut être vraiment utile en termes d’amélioration des pratiques existantes, serait d’appliquer cette approche à plus d’institutions ou d’organismes publics afin de lutter contre la corruption. Par exemple, stocker des documents publics sur une blockchain et les analyser avec des méthodes de machine learning pour trouver des anomalies.


La synergie IA-Blockchain peut aussi aider à combattre la discrimination. Par exemple, dans les algorithmes de prevention de délits utilisés par la police.


Juste à titre informatif, en France un exemple de logiciels de police prédictive est Anacrim et Salvac. D’ailleurs le RGPD aborde aussi le sujet de la police prédictive. Par exemple, l’article 22 du RGPD indique : “…la personne concernée a le droit de ne pas faire l’objet d’une décision fondée exclusivement sur un traitement automatisé ”.


Source Visuel: Norbu Gyachung


Last but not least.

Le pouvoir de l’intelligence artificielle est indéniable et un grand événement dans l’histoire de l’humanité. Il est clair que l’IA et la blockchain peuvent être un excellent vecteur pour l’impact social. Maintenant, la prochaine piste à explorer serait la synergie entre l’IA et l’informatique quantique et la façon dont elle pourrait nous aider à construire un monde meilleur. Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à lire ces deux publications:




J’espère que cet article vous aura apporté une nouvelle vision sur ces deux technologies. Je remercie infiniment à Miguel Angel Ventura du AI Institute pour son aide dans la préparation de cet article et AI for Tomorrow pour donner à tou.te.s les clés pour réinventer le monde de demain grâce à l’IA!

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